CODÉINE

TYPE PRINCIPAL

La codéine est un opiacé dérivé du pavot. Sur le plan médical, elle est utilisée principalement pour soulager la douleur, mais aussi pour traiter d’autres affections telles que la diarrhée, la toux et des inflammations modérées. À fortes doses, elle produit un sentiment d’euphorie qui, associé à ses propriétés antidouleur, explique que l’on puisse facilement avoir tendance à en abuser. La codéine entraîne une dépendance et une consommation prolongée peut avoir des effets indésirables.

La codéine, tout comme la morphine et la papavérine, est l’un des ingrédients actifs présents dans le pavot et a été isolée pour la première fois au XIXe siècle en France. Bien qu’elle ne soit pas aussi puissante que la morphine, c’est tout de même l’opiacé le plus consommé au monde et elle est souvent ajoutée comme ingrédient dans les sirops contre la toux et les comprimés. Dans de nombreux pays, elle ne peut être obtenue que sur ordonnance, bien que dans certains pays, des produits à base de codéine puissent être achetés sans ordonnance en pharmacie. Étant donné la facilité relative avec laquelle elle peut être obtenue, sa consommation abusive constitue un problème répandu pour les organismes de répression en matière de stupéfiants et les professionnels de la santé du monde entier.

De nombreux effets secondaires dangereux sont associés à la codéine, en particulier lorsqu’elle est prise à fortes doses ou mélangée à d’autres substances comme l’alcool. Ces effets incluent des démangeaisons, une dépression, des nausées, des maux de tête et une somnolence. Elle peut, dans certains cas, provoquer de graves réactions allergiques, avec des rougeurs, des gonflements, des difficultés à respirer et peut, dans des cas extrêmes, entraîner un décès. Elle peut également endommager les organes internes comme les reins et le foie.

Qu’elle soit consommée à des fins médicales ou récréatives, s’agissant d’une drogue pouvant mener à la dépendance, le fait de cesser d’en prendre peut également déclencher des symptômes de manque comme une irritabilité, des nausées, un besoin irrépressible, une transpiration et des troubles du sommeil.

AUTRES TYPES

En raison des applications bénéfiques de la codéine en médecine, sa consommation abusive est difficile à contrôler. Disponible en pharmacie, elle peut aisément se retrouver sur le marché noir ou faire l’objet d’un trafic illicite. Les personnes dépendantes obtiennent le plus souvent de la codéine en ayant recours à la tromperie, en inventant des symptômes de maladies afin d’obtenir une ordonnance. Elles peuvent aussi en voler à des personnes qui en possèdent pour des raisons parfaitement légitimes.

La codéine est fabriquée en grande majorité par des sociétés pharmaceutiques, généralement comme un ingrédient utilisé en médecine. Elle n’a donc pas beaucoup de noms argotiques et est souvent désignée par le nom de la marque des médicaments qui en contiennent, ou simplement par le mot «codéine». Ces marques incluent Tylenol, Paracod et Empirin, bien que la codéine soit également présente dans de nombreux autres médicaments.

Les personnes qui prennent de la codéine la surnomment parfois familièrement «cody», «captain cody» ou «schoolboy», bien que ces termes ne soient pas beaucoup employés du fait que cette drogue soit peu vendue dans la rue.

La codéine est disponible partout dans le monde et bien qu’elle soit naturellement présente dans le pavot, elle est le plus souvent synthétisée par les sociétés pharmaceutiques.

PRINCIPAUX EFFETS

La codéine est le plus souvent utilisée à des fins médicales légitimes comme antidouleur et antitussif et, à petites doses prescrites par un médecin ou un pharmacien, peut soulager les douleurs légères à modérées. En tant qu’opiacé, cependant, à fortes doses, la codéine peut aussi procurer un sentiment d’euphorie. Ces effets durent souvent quelques heures avant de disparaître.

Certains effets négatifs sont également associés à la prise de codéine, comme une bouche sèche, des nausées, des douleurs abdominales, une constipation, des démangeaisons, des vertiges, une rétention urinaire et un manque de libido. Certains consommateurs peuvent faire une réaction allergique à la codéine, présentant des symptômes tels que des gonflements, des évanouissements et des attaques. Une overdose de codéine peut entraîner une détresse respiratoire, empêchant les poumons de fonctionner correctement ce qui, dans des cas extrêmes, peut être mortel. Les effets indésirables de la codéine peuvent parfois être exacerbés lorsqu’elle est associée à d’autres substances, et en particulier à l’alcool.

La codéine entraîne une dépendance physiologique et psychologique et une personne qui en prend sur une période prolongée peut développer une tolérance à ses effets et devenir dépendante. Une personne qui cesse de prendre de la codéine peut ressentir des symptômes de manque comme une envie irrépressible, une transpiration, des difficultés à dormir, des nausées, des diarrhées, des spasmes musculaires et une irritabilité. En cas de forte dépendance, ces effets de manque peuvent durer plusieurs mois. La codéine peut également être utilisée pour traiter des pathologies chroniques en raison de ses propriétés antidouleur.

Une consommation prolongée de codéine peut endommager certains organes internes comme les reins et le foie, un risque aggravé par le fait que la codéine est souvent mélangée à d’autres médicaments comme le paracétamol. La codéine est également nocive pour les mères et les femmes enceintes, car elle peut passer dans le lait maternel ou nuire au fœtus.

PAYS PRODUCTEURS

La codéine est fabriquée et commercialisée par des sociétés pharmaceutiques dans le monde entier. Elle est pour cela le plus souvent synthétisée de manière artificielle. Elle est cependant naturellement présente dans le pavot à opium et tout comme la morphine, elle peut être isolée et extraite de la plante, bien que cette procédure soit rarement utilisée par les sociétés pharmaceutiques modernes. Ceci n’a toutefois pas toujours été le cas et jusque dans les années 1970, toute la codéine était produite à partir du pavot.

Ce n’est que suite à une pénurie d’opium aux États-Unis en raison de la «guerre contre la drogue» déclarée par Nixon que les scientifiques américains ont été contraints de trouver un autre moyen de la produire. Cette méthode de fabrication s’est avérée bien plus pratique que le fait de dépendre d’approvisionnements en opium potentiellement instables et presque toute la codéine légitime dans le monde est donc aujourd’hui produite artificiellement. De ce fait, bien que le trafic illicite de pavot à opium soit répandu dans certaines parties d’Amérique du Sud et d’Asie, ceci concerne généralement d’autres dérivés de l’opium comme l’héroïne.

La codéine ayant diverses applications médicales légitimes, ses voies d’approvisionnement sont pour la plupart complètement légales. Bien qu’il s’agisse d’une substance contrôlée dans de nombreux pays, on peut tout de même se la procurer en pharmacie avec ou sans ordonnance, selon sa classification dans le pays en question. Elle est dans ces cas-là mélangée à d’autres médicaments comme le paracétamol ou la caféine et n’est quasiment jamais fournie sous forme pure.

En petites quantités en tant qu’ingrédient dans d’autres médicaments, elle peut parfois être obtenue sans ordonnance, mais étant donné les quantités infimes, il est peu probable qu’une personne cherche à en abuser de cette façon. Dans certains pays, comme l’Irlande et l’Australie, les médicaments à base de codéine sont vendus sans ordonnance, à la discrétion toutefois du pharmacien.

Bien qu’il soit assez rare, il existe tout de même un trafic illicite de codéine, dérivé le plus souvent des réserves fournies par les sociétés pharmaceutiques ou les pharmaciens, plutôt que venant d’une production illicite. Ces cas sont cependant exceptionnellement rares, en particulier comparé aux autres drogues illicites, un fait que l’on peut largement attribuer à la facilité avec laquelle elle peut être obtenue sans ordonnance dans de nombreux pays.

La codéine étant une substance contrôlée, sa possession sans ordonnance ou sans licence est illégale dans de nombreux endroits et peut exposer à des peines d’emprisonnement, bien qu’on ait déjà constaté des cas de réserves acheminées clandestinement depuis des pays où les réglementations ne sont pas aussi strictes.

Certaines des plus grosses sociétés pharmaceutiques au monde sont basées en Amérique du Nord, une région qui est devenue le plus gros fournisseur mondial de codéine et de médicaments à base de codéine. Il existe cependant des fournisseurs basés dans le monde entier, y compris en Europe, en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud. L’Inde et la Chine, en particulier, représentent d’importants marchés émergents dans la production et la vente de médicaments à base de codéine.

FAITS ET STATISTIQUES

FAITS

  • La codéine est l’opiacé le plus consommé au monde. Elle est couramment utilisée sur le plan médical pour traiter les douleurs légères à modérées et comme antitussif. Elle peut aussi être utilisée pour traiter la diarrhée et le syndrome de l’intestin irritable.
  • Elle est tout à fait légale dans certains pays et disponible uniquement sur ordonnance dans d’autres. Elle est donc relativement facile à obtenir et peut aisément faire l’objet d’une consommation abusive par des personnes dépendantes qui parviennent à se la procurer à l’aide d’ordonnances frauduleuses ou en volant des réserves de codéine.
  • Outre ses propriétés antidouleur, la codéine, en concentrations suffisantes, peut produire un effet euphorique.
  • Ceci peut cependant s’accompagner de divers effets secondaires indésirables comme des nausées, des vertiges, des démangeaisons et une dépression.
  • Elle provoque également une dépendance physiologique et psychologique et une personne qui en prend régulièrement peut développer une tolérance à ses effets, avoir besoin d’augmenter les doses pour obtenir le même effet et devenir dépendante.
  • La codéine, naturellement présente dans le pavot à opium, a été isolée pour la première fois par un chimiste français en 1832. Elle est bien moins puissante que la morphine, également présente dans le pavot à opium.
  • Les techniques permettant de synthétiser artificiellement la codéine ont été découvertes en Amérique dans les années 1970 et ces procédures représentent aujourd’hui une grande partie de la production de codéine.
  • Étant donnée la relative facilité avec laquelle la codéine peut être obtenue en pharmacie, elle ne fait que très peu l’objet de trafic illicite. Il n’est cependant pas rare que de grandes quantités de codéine soient acheminées clandestinement depuis des pays où la répression est moins stricte.

STATISTIQUES

  • Les effets de la codéine se font ressentir au bout de 15 à 30 minutes suivant l’ingestion et peuvent durer jusqu’à 6 heures selon la dose.
  • On estime que l’utilisation abusive de la codéine et des ordonnances coûte aux Américains plus de 484 milliards de dollars par an. En plus des coûts de soins de santé, ce chiffre tient également compte des heures de travail perdues, des accidents de la route et des coûts engendrés pour réglementer et restreindre cette drogue.
  • À Hong Kong, la peine maximale pour trafic de codéine, ou pour fabrication sans licence, est une amende de 5000000 HKD et une peine d’emprisonnement à perpétuité. La possession illicite est passible d’une amende de 1000000 HKD et peut aller jusqu’à 7 ans d’emprisonnement.
  • En fonction de sa concentration et de son association avec d’autres ingrédients, la codéine est classée, selon les pays, dans le Tableau II ou le Tableau IV de la Convention unique sur les stupéfiants.
  • Au Danemark, la codéine est vendue sans ordonnance en quantités inférieures à 9,6 mg, mais uniquement mélangée à d’autres médicaments. Les quantités plus importantes nécessitent une ordonnance.
  • La puissance de la codéine est estimée à environ 8-12% de celle de la morphine, bien que ceci varie d’une personne à l’autre en fonction de son métabolisme.
  • Il faudrait ingérer une dose orale d’environ 200 mg de codéine pour produire un effet antidouleur comparable à 30 mg de morphine. Elle n’est cependant généralement pas utilisée à des doses supérieures à 60 mg et ne doit pas excéder 240 mg sur une période de 24 heures.
  • Environ 16 millions d’Américains ont déclaré avoir consommé des médicaments sur ordonnance à des fins récréatives au cours de l’année précédente en 2010, dont 7 millions au cours du mois précédent.

SIGNES DE DÉPENDANCE

La codéine est utilisée à des fins légitimes en médecine et est souvent prescrite pour soulager la douleur. De ce fait, il peut être difficile de faire la différence entre ce qui constitue une consommation régulière et ce qui constitue un abus, car la dépendance peut s’installer insidieusement chez les consommateurs réguliers. La principale raison qui pousse les personnes dépendantes à abuser de la codéine est la sensation d’euphorie qu’elle produit, mais il existe d’autres symptômes de dépendance que l’on peut observer. Ceux-ci peuvent inclure des nausées, des maux de tête, des démangeaisons, un manque de libido et une bouche sèche, qui peuvent tous être exacerbés par la consommation d’alcool.

La consommation chronique de codéine peut provoquer une dépendance physiologique et psychologique, car l’organisme développe une tolérance aux effets de la drogue et des quantités de plus en plus importantes sont ensuite nécessaires pour obtenir le même effet. Des symptômes de manque peuvent également se manifester en l’absence de prise de drogue et bien qu’ils soient relativement moins forts que les symptômes de manque associés à des opiacés plus forts, ils peuvent inclure un nez qui coule, des difficultés à dormir, une transpiration, des nausées et une irritabilité.

La codéine peut être obtenue en pharmacie pour différentes affections, bien qu’en plus fortes concentrations, elle ne soit généralement disponible que sur ordonnance. De fréquentes visites chez les médecins et/ou en pharmacie peuvent être un signe de dépendance. Une personne qui se rend à chaque fois dans une pharmacie différente doit également alerter, car il s’agit d’une tactique employée par les personnes dépendantes pour éviter d’être démasquées. Une diminution inexpliquée des réserves de codéine utilisées par d’autres personnes à des fins médicales peut également être un signe de consommation abusive de cette drogue.

TRAITEMENTS

Une personne dépendante à la codéine peut, dans une certaine mesure, se sevrer elle-même, mais dans les cas les plus sérieux, cela peut être très difficile et il est recommandé de demander de l’aide à des professionnels de la santé pour mettre toutes les chances de son côté. Les symptômes de manque peuvent durer plusieurs mois, parfois plusieurs années, et la codéine étant relativement accessible, il est très facile de rechuter.

Il est recommandé de consulter un médecin avant d’essayer de se sevrer d’une dépendance à la codéine. Les effets de manque comme la nausée et les troubles du sommeil peuvent être traités et un soutien peut être apporté pour optimiser les chances de guérison. Une consommation prolongée peut également endommager les organes internes comme le foie et les reins, ce qui n’est pas nécessairement le résultat de la codéine elle-même, mais davantage des substances avec lesquelles elle est fréquemment mélangées, comme le paracétamol. C’est pourquoi il est important d’évaluer le mal qui a pu être causé et d’essayer d’atténuer ses effets.

On estime que le meilleur moyen de lutter contre une dépendance à la codéine est de réduire progressivement la prise avec le temps, plutôt que de risquer de déclencher des symptômes de manque en arrêtant brusquement. Ceci peut cependant entraîner des problèmes. L’organisme développe une tolérance aux effets de la codéine après une consommation prolongée et si ce médicament a été pris pour soulager une douleur, le consommateur peut retomber dans un état de dépendance ou chercher un soulagement en prenant d’autres substances nocives. C’est pourquoi il peut être préférable d’entamer une thérapie comportementale afin d’analyser la façon dont la dépendance s’est installée et de déterminer le meilleur moyen de se débarrasser de cette habitude.Traiter la pathologie ayant entraîné la dépendance à la codéine peut aussi être efficace, cependant une personne dépendante pourra garder psychologiquement l’habitude de consommer fréquemment de la codéine même lorsqu’elle ne souffre pas. S’assurer qu’une personne dépendante ne peut pas se procurer de réserves de codéine doit être une priorité, car en raison de la facilité avec laquelle elle peut être obtenue, soit par des ordonnances frauduleuses soit par de fausses affections, cette dépendance peut être difficile à combattre. Si une personne dépendante a tendance à voler des réserves de codéine légitimement destinées à une utilisation médicale, ces réserves doivent être conservées hors de sa portée.

Bien qu’une hospitalisation ne soit nécessaire que dans les cas de dépendance à la codéine les plus graves, les centres de désintoxication peuvent aider à traiter à la fois les symptômes physiques de la consommation abusive et les tendances comportementales qui ont pu y contribuer. Une personne dépendante peut avoir des problèmes sous-jacents liés par exemple à son emploi ou à son bien-être général qui ont pu la plonger dans la dépendance et ces problèmes doivent donc être traités afin de réduire les risques de rechute.

La codéine n’entraîne pas forcément une dépendance aussi forte que les autres opiacés comme la morphine, mais il peut néanmoins être très difficile de s’en sortir. Il est donc préférable, avant de tenter de se sevrer, de consulter un médecin qui pourra apporter son soutien, traiter les symptômes de manque ou orienter le patient vers un centre spécialisé.